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bande son

"La naissance du premier bonhomme elle est venue toute seule au bout de mes doigts : l’envie de recréer mes collègues ouvriers dont je m’étais séparé en partant vivre ailleurs. Dans cette rupture ils me manquaient. J’avais envie de « parler » de ces corps, de leur position, attitudes déhanchées, mains dans les poches. Donc j’ai modelé des ouvriers. Puis  ceux que l'on croise dans la rue.

Mes doigts ont tout de suite senti des muscles, des rondeurs, des gueules … des personnes. Chaque boule de terre que j’arrachais au bloc contenait quelqu’un qui allait arriver tout d’un coup.

Le laisser venir.

Puis le dessin. J’aime dessiner les visages dans le métro, les cafés, partout. J’aime regarder ces yeux qui ont tant vu et j’essaye vite de croquer l’air. Alors en faisant ces figurines, je recrée ce moment, cet air là … 

On est enfermé en soi.

On a un visage, on est un visage, mon visage est "mon dehors".

Je cherche l’air, le trait, le mouvement ; le visage c’est une histoire.

La rencontre avec le public m’a prise par surprise. Les rassemblements pour les prises de vues ont fait pensé tout de suite à des groupes de migrants. Est-ce que ce serait l’image qu’on aurait eu il y a 50 ans ? Non. On aurait pensé à l’exode. Maintenant on voit les migrants qui sont là mais ils sont rejetés, ignorés, stigmatisés, emprisonnés. Ce ne sont pas des citoyens, le droit ne s'applique pas à eux. Loin de leur pays, habitant sans pays.

De l’Histoire, des histoires, du passé, l’oubli, l’absence… l’attente.

On est indécrottablement au présent… Là."  Pascale Coutant

 

"Depuis vingt ans, la photographie m’accompagne. Je ne sais pas la photo, je la tâtonne, je la sens, c’est l’autre qui la fait dans ce face à face entre mon regard à un instant donné et l’intempestif.
La première fois que nous avons placé une figurine sur un bout de trottoir en travaux et que je me suis allongée par terre pour la prendre en photo, j’ai vu dans mon œilleton un monde en mouvement duquel chacun pouvait construire son hors-champ.
Petit à petit, les hommes et les femmes nés des doigts de Pascale me sont apparus telle une communauté qui, si minuscule soit-elle, prenait sa force dans le nombre, la diversité et la singularité.
Le champ des possibles est infini face à eux, ils sont un peuple debout, ils attendent, ils explorent, ils regardent, ils détournent notre attention pour regarder notre monde autrement.
En jouant avec les échelles, les flous, le mouvement improbable qui se dégage de leur immobilité, ils deviennent des figurants agissants." 
Delphine Moulier




 

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